Le salut chrétien est-il avant tout une œuvre de vie ou une œuvre de la mort ? Incontestablement un malaise habite aujourd'hui nombre de chrétiens devant un système de représentations qu'ils croient devoir identifier avec la doctrine de la rédemption. L'écho de l'œuvre de R. Girard en est un signe parmi beaucoup d'autres. L'idée d'un Dieu vengeur qui exige la mort de son Fils pour satisfaire sa propre justice habite encore les consciences, et les trouble de plus en plus. Elle a été alimentée par la théologie et la prédication de ces derniers siècles. Qu'en est-il exactement ? Le livre entend instruire sur pièces le dossier de la rédemption et du salut : il analyse le curieux phénomène de " dé-conversion ", voire de " perversion " des données bibliques et traditionnelles, qu'il illustre par les nombreuses citations d'un " sombre florilège " du XVIe siècle à nos jours. Ce préalable étant levé, il est possible de proposer une théologie du salut et de la rédemption qui s'origine dans l'enseignement de l'Écriture et reprenne les grandes avenues de la tradition. Le salut des hommes, c'est-à-dire à la fois leur libération du mal et leur entrée dans une communion pleine de vie avec Dieu et entre eux, est l'œuvre de l'unique médiateur, Jésus, le Christ. Cette médiation s'accomplit selon deux mouvements croisés : celui qui va de Dieu vers nous dans le Christ qui nous aime à en mourir ; celui qui va de nous à Dieu par le Christ qui, Chef de l'humanité, aime le Père à en mourir. Mais la mort en tant que mort reste le fait des hommes pécheurs dont Jésus convertit l'œuvre de mort en œuvre de vie. Tous les grands termes qui ont traditionnellement servi à exprimer la théologie du salut s'ordonnent d'eux-mêmes selon les deux mouvements de cette médiation : révélation, rédemption, libération, divination, justification du côté descendant, sacrifice, expiation-propitiation, satisfaction, solidarité, du côté ascendant. Le thème de la réconciliation vient récapituler le tout. Il fallait faire cette enquête pour situer dans leur vérité et leur complémentarité les grandes images toujours présentes à l'exposé de la foi. Mais ce travail de mémoire doctrinale, pour indispensable qu'il soit, ne peut suffire. Aussi l'auteur se propose-t-il, dans un second tome, de présenter un essai sur " l'histoire du salut ", selon la structuration du récit. L'enquête menée dans la tradition sera prolongée dans un " acte théologique " repris à frais nouveaux.