Au cours de la troisième session de Vatican II, les interventions de certains Pères conciliaires, et non des moindres, ont fait ressortir et formulé clairement l'insuffisance ou même les déviations de l'enseignement de la morale. L'un d'eux est même allé jusqu'à dire que cette morale habituellement enseignée n'était « ni principalement ni pleinement chrétienne » (cardinal Léger).
« Nos manuels répondent bien peu à la mentalité des hommes de notre temps. La morale enseignée… se préoccupe trop de casuistique, de légalisme, de juridisme.» Cette solennelle mise en question recoupe les efforts de réflexion que certains auteurs, dont celui du présent livre, essaient depuis plusieurs années de promouvoir. Les progrès considérables des sciences humaines - et principalement de la psychologie, depuis Freud - exigent qu'on repense une expression de la morale plus conforme à l'anthropologie. Cette expression ne saurait être, en même temps, que plus conforme à la réalité du message évangélique.
C'est le but du présent livre : tenter d'esquisser dans quelle perspective peut se développer une « morale pour notre temps », débarrassée des insuffisances ou des déviations que signale le cardinal Léger, grêce à la confrontation avec les données de la psychologie moderne. L'auteur depuis plus de dix ans aux prises avec cette confrontation, veut apporter simplement sa participation à cette véritable « révolution » positive de la morale, telle que la souhaitent les Pères conciliaires.